Laidlaw

Voici que j'achève (les mauvaises langues diront "enfin !") mon challenge 12 mois 12 livres, 12 (masto)potes par ce roman qui m'a été conseillé par Pololasi (mille mercis !).

Laidlaw s'inscrit dans la plus pure tradition des polars noirs : un crime sordide (le viol et le meurtre d'une jeune femme), un univers glauque (les bas-fonds de Glasgow), un héros avec une part d'ombre non négligeable : l'inspecteur Jack Laidlaw, compétent mais dépressif, qui souhaite retrouver le meurtrier autant pour clore son enquête que pour le soustraire à la justice populaire, qui pourrait s'avérer expéditive.

En effet, s'il en a l'air, Laidlaw s'émancipe pourtant rapidement des carcans du roman noir en y additionnant une dimension sociale conséquente, et la psychologie de son héros se révèle plus subtile qu'a priori.

Il s'agissait de tout ce qu'une femme n'avait pu retirer d'une relation, et de la dignité qu'elle avait préservée en dépit de cela, il s'agissait de tout ce qu'un homme avait caché par rapport aux promesses dont il ne savait probablement pas comment il les avait faites. Il s'agissait d'orgueil préservé et d'orgueil perdu.

La lecture de Laidlaw m'a été infiniment triste. Le regard que porte le héros éponyme sur la société qui l'entoure y est pour beaucoup. Semblant souvent être le seul à vouloir ramener un peu de raison dans un monde gangrené par la violence, l'autoritarisme et l'hypocrisie, je fus vite gagnée par ses propres désillusions.
Le roman est ponctué de nombreuses considérations sur la vie, la société, et l'infini pessimisme qui s'en dégage finit par peser trop lourd.
L'écriture de William Mcilvanney s'avère de plus redoutablement efficace dès qu'il s'agit de décrire le tragique se jouant en quelques secondes, en un regard, en une parole, et quelques scènes semblant anodines ont réussi à me remuer.

Le malaise a d'ailleurs persisté un moment, on peut dire que Laidlaw fut une lecture marquante.

Pensez à boire un café fort, après la lecture, et faites un sourire à vos voisins...

Laidlaw
William Mcilvanney
Traduit par Jan Dusay
Rivages/Noir

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