La cité des fous, c'est l'asile de Saint-Anne, dans lequel l'auteur a été interné quelques mois, victime d'une crise de délire liée à sa prise de morphine. Marc Stéphane, écrivain révolté, à tout jamais anticonformiste, profite de ce séjour pendant lequel il est très rapidement tout à fait alerte et conscient de son entourage pour dresser un portrait cyniquement drôle et violent de ce lieu dans lequel finissent par atterrir tous les pauvres, faibles ou inadaptés que la société rejette.
Avec une plume argotique parfois difficile à comprendre, mais une verve enthousiasmante, Marc Stéphane dessine, portrait après portrait, une image infiniment tendre de ses compagnons d'infortune. Sans aucune complaisance, la violence inouïe exercée dans ce lieu d'accueil fait écho à la violence d'une société incapable de prendre soin des plus faibles, et ce livre d'une sincérité désarmante se comprend rapidement comme un puissant réquisitoire contre un système malade.
La lecture de La cité des fous est une expérience extravagante, pendant laquelle j'ai navigué au cœur d'une langue fleurie fabuleusement inventive, alternant quelques sourires et beaucoup d'effroi, qui m'ont laissé l'impression d'avoir lu une œuvre majeure.
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