L'exorciste

L'exorciste, voyez-vous, est, je crois, le film qui m'a le plus terrifiée... de toute ma vie.

Je l'ai découvert au cinéma, à l'occasion de la sortie de la version intégrale. J'ai bien vérifié... j'avais 20 ans...

J'ai été tellement terrorisée que, pendant plusieurs mois, je me suis endormie avec les lumières et la télévision allumées, les volets ouverts. Habitant à l'époque un studio minuscule au rez-de-chaussée d'un vieil immeuble de Rennes, je ne sais toujours pas aujourd'hui si c'était l'idée du siècle, mais c'était non négociable pour pouvoir aligner quelques heures de sommeil.

Nous avons tous, je pense, une peur viscérale. Celle qui ne laisse pas de place à la raison. Cela peut être la peur du noir, des monstres, de l'impuissance, de la déliquescence du corps ou de la mort... pour moi c'est clairement, avant tout, les histoires de possession. Mettez ça sur le compte de mon éducation chrétienne ou peut-être qu'un psy aurait beaucoup à dire, toujours est-il que ce genre d'intrigue m'épouvante (ne commencez donc pas à me parler de l'exorcisme d'Emily Rose, ou autres Conjuring...).

Pourtant, j'étais vraiment impatiente de lire le roman qui a inspiré le film. Est-ce du masochisme ? de la curiosité malsaine ? Encore une fois, je ne saurais le dire, toujours est-il que j'ai (globalement) dévoré le livre de William P. Blatty.

Je peux vous dire qu'il est tout aussi éprouvant que le film, qui en est, selon moi, une adaptation des plus fidèles.

L'écriture tout en finesse de Blatty permet de mettre en place un roman d'horreur à l'ambiance lourde, au rythme saccadé, dans lequel les scènes de terreur alternent avec des moments plus calmes à l'infini pessimisme, qui ne permettent pas vraiment de faire retomber la tension. Le roman nous permet d'approfondir la psychologie des personnages, notamment celle de la mère, Chris, et du prêtre/psychologue Damien Karras, dont on perçoit plus pleinement le déchirement.

Le thème principal étant bien celui de la foi et du doute, celui-ci est distillé comme un poison tout au long du récit. Affabulation, maladie ou force supérieure ? Cela restera l'enjeu principal, et l'auteur cultive une certaine ambiguïté, entrainant une montée en tension crescendo.

Les scènes de terreur sont particulièrement efficaces (j'ai dû arrêter ma lecture un soir et ai eu du mal à m'endormir...) mais le sentiment le plus palpable à la lecture a plutôt été le désenchantement... C'est aussi un livre triste, qui sait faire naître bien d'autres émotions que la peur.

Je n'ai absolument pas regretté cette lecture que j'ai dévorée en quelques jours... ça m'a même donné envie de revoir le film... mais je vais peut-être attendre encore un peu...


L'exorciste
William P. Blatty
Traduit par Jacqueline Remillet
J'ai Lu

Ajouter un commentaire

Les champs suivis d'un * sont obligatoires

Le code HTML est affiché comme du texte et les adresses web sont automatiquement transformées.

Ajouter un rétrolien

URL de rétrolien : http://unspicilege.org/index.php?trackback/20

Haut de page