Lettres de burn-out

Chère Journée,

Je ne me lèverai pas ce matin.
En premier lieu, je suis anéanti dès le réveil. Notre société ne nous intoxique pas seulement avec des pesticides ou des additifs alimentaires, mais également avec la fatigue.

J'ai découvert les Lettres du burn-out grâce à mon abonnement à la lettre de la littérature et des écrits humoristiques Vis Comica, élégamment chapeautée par Francis Mizio (abonnes-toi !).
Ça faisait un sacré bout de temps que je n'avais pas lu ce genre d'ouvrage. Une sorte d'exercice de style, drôle mais également exigeant dans l'écriture.

Dans une société qui est devenue trop compliquée, trop sollicitante et, au final, intransigeante, certains finissent tôt ou tard par dire stop... Ça suffit... J'arrête... J'en ai marre. Jean-Luc Coudray a donc imaginé ce que seraient les adieux de ceux qui abandonnent et nous les présente sous la forme d'une ultime correspondance dans laquelle ils vident leur sac. En effet, tout au long des 50 lettres qui composent ce recueil, chacun, au moment de renoncer, de laisser tomber, revient enfin à l'essentiel et fait éclater une sincérité souvent drôle, parfois grinçante, voire désespérante.
Cela commence par un président de la République cynique et lassé renonçant au pouvoir puis, tour à tour, toute une galerie de personnages prend vie, des plus cyniques aux plus désabusés, entraînant dans leur drôle de cortège un avion refusant de décoller ou un cerveau arrêtant de fonctionner, me plongeant de l'amusement à l'agacement, de la contrariété au soulagement, tant certaines situations font écho à mes propres ras-le-bol...( cet ami qui cesse de rendre service, ce spectateur qui ne va plus au cinéma, ce canari qui arrête de chanter...).
Si d'autres m'ont moins parlé, Jean-Luc Coudray réussit tout de même l'exercice haut la main, grâce à une écriture particulièrement recherchée et des arguments fouillés. Que dire par exemple de cette phrase tirée de la lettre Une femme renonce à être belle :

Tout d'abord, le maquillage, en soulignant le contour des yeux, la forme de la bouche ou la rondeur des joues, n'est qu'un sous-titre pour malcomprenants.

Passant de sujets légers à des plus intenses, il réussit, malgré les difficultés, à se sortir de situations qui s'annonçaient pourtant compliquées (à ce titre la lettre Une femme arrête d'être féministe est un véritable chef-d'oeuvre !).

Je terminerai cette chronique par la fin de la lettre du parachutiste qui n'ouvre pas son parachute, que j'estime être une parfaite conclusion :

J'ai traumatisé la foule. Les enfants ont hurlé, les parents ont été bouleversés. Oui, la liberté est choquante. Bonne soirée.

Lettres de burn-out
Jean-Luc Coudray
Wombat

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