Le roi est mort

Prologue
1942

La liberté ! Pour quoi faire ?

Commençant par ces mots, j'ai tout de suite su que L'Adieu au roi, de Pierre Schoendoerffer, serait une lecture marquante.

Au fin fond des forêts de Bornéo, en 1942, un sergent fou se prend pour un roi.
Roi de peu, d'une maigre bande d'autochtones qu'il nomme les commanches.
Fou de peur, de cette jungle poisseuse et visqueuse, et de l'abîme que cache ses yeux gris.
Au fin fond de cette jungle, en 1945, un capitaine anglais des forces spéciales est chargé d'entrer en contact avec les indigènes pour préparer la reconquête par la force de ce territoire occupé par les japonais.
Il va se lier au roi fou pour accomplir cette sanglante tâche.

L'Adieu au roi est avant tout le récit d'une agonie. Celle de l'armée japonaise à Bornéo, qui sera méticuleusement massacrée. La guerre dans toute son horreur et sa déshumanisation, pendant que d'autres se réjouissent.
L'agonie du sens également, et de l'humanité, quand la fureur du roi fou prend le pas sur toute forme de raison.
L'agonie de la loyauté, enfin, quand la trahison s'avère la seule issue possible de cette fuite éperdue en avant.

L'Adieu au roi est un texte d'une force incommensurable. Évoquant tour à tour la grandeur et la décadence de l'humanité dans une danse macabre, beaucoup de ses passages frappent fort.
Sondant les abîmes de la nature humaine, retranchant le lecteur dans son rôle de témoin impuissant d'une déchéance, il interroge sur les moyens employés pour parvenir à ses fins.
Absolument bouleversant du début à la fin, l'Adieu au roi est sans nul doute de ces textes qui interrogent.

L'Adieu au Roi
Pierre Schoendoerffer
Grasset

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