L'art de Yayoi Kusama

Bien avant que je ne découvre la statue colossale à son effigie récemment érigée devant la Samaritaine, alors que sa collaboration avec la marque Louis Vuitton ne faisait pas beaucoup de bruit, un ami m'a fait découvrir le travail de Yayoi Kusama par l'intermédiaire de cette fascinante biographique graphique.
Yayoi Kusama est une artiste japonaise, contemporaine et avant-gardiste, dont les créations empruntent de multiples supports : peinture, sculpture, installation, performance...
Son art est obsédant autant que sa vie est singulière. Née au Japon à l'aube des années 1930, elle souffre d'essayer de faire concilier son tempérament indépendant et artistique et sa santé mentale fragile dans une société japonaise aussi rigide que patriarcale. Elle passe donc une partie de sa vie (dans les années 60-70) aux États-Unis où elle finit par trouver une place dans le mouvement contemporain, et où elle enchaîne les œuvres et les performances, entraînant une détresse mentale qui la convaincra de rentrer au Japon, où elle vit toujours. Elle a depuis lors fait le choix volontaire de vivre dans un hôpital psychiatrique, dans lequel elle aménage un atelier, lui permettant de perpétuer son art jusqu'à nos jours, où, à 94 ans, elle continue à fasciner.

Mon art provient d'hallucinations que je suis seule à voir. Je traduis les hallucinations et les images obsessionnelles qui m'affligent en sculptures et en peintures.

Si je viens de résumer très grossièrement la vie de cette captivante artiste, la bande dessinée d'Élisa Marcellari en aborde beaucoup plus de facettes, approfondissant notamment le lien entre sa maladie mentale et ses créations. Dans le fond comme la forme, ce livre est, en plus d'une biographie précise, un hommage vibrant à l'art de Kuzama. Le trait est en effet parfait pour retranscrire l'aspect obsessionnel et accumulatif de ses œuvres et il est impossible de résister au portrait de cette femme remarquable, brillante et engagée, telle qu'elle est décrite dans le livre. Impossible non plus de ne pas être touchée par le symbolisme de ses créations.


Cette lecture m'a donné envie de regarder le court-métrage Kusama’s Self Obliteration, réalisé en 1967 par Jud Yalkut, rassemblant des captations des performances de cette époque de Kusama, et permettant de se rendre compte de l'élan artistique qui l'animait quand elle vivait aux États-Unis. Sans aucune structure narrative, sans paroles mais bercé par de la musique expérimentale, le tout forme un ensemble trouble, psychédélique et (on ne va pas se mentir) assez obscure. En même temps ces images ont quelque chose d’étonnamment fascinant... on ne laisse assez vite porter par le rythme de la chose et par les thématiques qui en émerge, comme une thérapie de répétition pour exorciser de drôles de démons.

Kusama
Obsessions, amours et art
Elisa Macellari 
Traduit par Patrice Salsa
Éditions du Chêne
Kusama’s Self Obliteration
Jud Yalkut
1967

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