Entre ciel et terre

Ils avancent à vive allure — juvéniles jambes, feu qui flambe — , livrant également contre les ténèbres une course tout à fait bienvenue puisque l'existence humaine se résume à une course contre la noirceur du monde, les traîtrises, la cruauté, la lâcheté, une course qui paraît si souvent tellement désespérée, mais que nous livrons tout de même tant que l'espoir subsiste.

En Islande, il y a un siècle, un pêcheur, trop absorbé par les vers du Paradis perdu de Milton, en oublie sa vareuse avant de prendre la mer, et meurt de froid. À terre, le gamin qui le considère comme son meilleur ami, se lance dans un voyage sans autre sens que la recherche du deuil, pour rendre le livre incriminé à son propriétaire.

J'ai lu Entre ciel et terre dans le cadre de mon challenge 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes. Il m'a été recommandé par Septie que je remercie beaucoup. Je ne connaissais absolument pas le livre, ni l'auteur, ma lecture n'en a été que plus déroutante.
C'est, je pense, (pour le moment, du moins) le livre dans lequel j'ai eu le plus de mal à rentrer. Peut-être en raison du roman lui-même, peut-être en raison de mon état d'esprit du moment, en proie à la fatigue morale et intellectuelle qui me touche souvent à cette période. Toujours est-il que les mots et le récit de Jón Kalman Stefánsson m'ont fait entrer dans une profonde mélancolie qu'il a été compliqué de dépasser pour trouver la lumière de la poésie incrustée dans ce texte.

L'Islande y est une terre rude, âpre, et les existences qui peuplent ce roman sont périlleuses, faites de travail exténuant, de difficultés, de chagrins... Il me fut impossible de ne pas être douloureusement touchée par leurs histoires.
Cependant, tout comme "le gamin" trouve dans sa quête des raisons de continuer, je me suis accrochée aux mots, à leur puissante poésie, à leur force évocatrice, à l'amour que l'on voue toujours aux terres les plus ingrates comme on aime parfois encore plus intensément ce qui nous met en difficulté.

Entre ciel et terre est un roman que j'ai trouvé difficile, dont la lecture fut une véritable expérience émotionnelle, dont je suis sortie étourdie.


Entre ciel et terre
Jón Kalman Stefánsson
Traduit par Eric Boury
Gallimard/folio

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