Un Spicilège - Mot-clé - 12 mois - 12 livres2024-03-27T16:13:20+00:00Deidreurn:md5:f61c55f88ac06cf1e2c34df1e686f20fDotclearLaidlawurn:md5:f9327785b7ffb2878dd60c209c4b15e22023-06-14T16:38:00+01:002023-06-14T16:38:00+01:00DeidreRoman12 mois - 12 livresLecturePolarRoman <p><img src="http://unspicilege.org/public/.Laidlaw_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>Voici que j'achève (les mauvaises langues diront "enfin !") mon challenge 12 mois 12 livres, 12 (masto)potes par ce roman qui m'a été conseillé par Pololasi (mille mercis !).<br />
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<em>Laidlaw</em> s'inscrit dans la plus pure tradition des polars noirs : un crime sordide (le viol et le meurtre d'une jeune femme), un univers glauque (les bas-fonds de Glasgow), un héros avec une part d'ombre non négligeable : l'inspecteur Jack Laidlaw, compétent mais dépressif, qui souhaite retrouver le meurtrier autant pour clore son enquête que pour le soustraire à la justice populaire, qui pourrait s'avérer expéditive.<br />
<br />
En effet, s'il en a l'air, <em>Laidlaw</em> s'émancipe pourtant rapidement des carcans du roman noir en y additionnant une dimension sociale conséquente, et la psychologie de son héros se révèle plus subtile qu'a priori.<br />
<br /></p>
<blockquote><p>Il s'agissait de tout ce qu'une femme n'avait pu retirer d'une relation, et de la dignité qu'elle avait préservée en dépit de cela, il s'agissait de tout ce qu'un homme avait caché par rapport aux promesses dont il ne savait probablement pas comment il les avait faites. Il s'agissait d'orgueil préservé et d'orgueil perdu.</p></blockquote>
<p>La lecture de <em>Laidlaw</em> m'a été infiniment triste. Le regard que porte le héros éponyme sur la société qui l'entoure y est pour beaucoup. Semblant souvent être le seul à vouloir ramener un peu de raison dans un monde gangrené par la violence, l'autoritarisme et l'hypocrisie, je fus vite gagnée par ses propres désillusions. <br />
Le roman est ponctué de nombreuses considérations sur la vie, la société, et l'infini pessimisme qui s'en dégage finit par peser trop lourd.<br />
L'écriture de William Mcilvanney s'avère de plus redoutablement efficace dès qu'il s'agit de décrire le tragique se jouant en quelques secondes, en un regard, en une parole, et quelques scènes semblant anodines ont réussi à me remuer.<br />
<br />
Le malaise a d'ailleurs persisté un moment, on peut dire que Laidlaw fut une lecture marquante.<br />
<br />
Pensez à boire un café fort, après la lecture, et faites un sourire à vos voisins...</p>
<pre>
Laidlaw
William Mcilvanney
Traduit par Jan Dusay
Rivages/Noir
</pre>http://unspicilege.org/index.php?post/Laidlaw#comment-formhttp://unspicilege.org/index.php?feed/atom/comments/136Tant qu'il le faudraurn:md5:d5eedd0a0b1b7b5793591889b7b1f8c32023-03-29T15:37:00+01:002023-06-14T14:53:19+01:00DeidreRoman12 mois - 12 livresLectureLGBTQIMilitantismeRomanRomance <p><img src="http://unspicilege.org/public/.Tant-qu-il-le-faudra_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>J'ai lu <em>Tant qu'il le faudra</em> dans le cadre de mon challenge 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes, challenge qui est bientôt fini et est à peine en retard. Il m'a été conseillé par Pouhiou, qui est quelqu'un que j'apprécie particulièrement suivre sur les réseaux tant je me suis enrichie à son contact. Je le remercie donc énormément d'avoir bien voulu se prêter au jeu. <br />
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<em>Tant qu'il le faudra</em>, sur le papier, c'est typiquement le genre de livre que je fuis. C'est un roman catégorisé young adult (un genre que j'ai rarement apprécié), romance (sans doute ce qui m'attire le moins) et a d'abord été écrit et publié via la plateforme Wattpad, sorte de plateforme sociale en ligne sur laquelle les utilisateurs peuvent partager leurs écrits (donc sans doute comme dans la majorité des cas sous forme de roman-feuilleton, genre qui ne m'attire pas non plus beaucoup).<br />
Cependant, je déteste suffisamment avoir des préjugés pour que ça me donne une envie folle de les pourfendre. <br />
<br />
<em>Tant qu'il le faudra</em> est une chronique qui prend part dans le milieu queer militant. On y suit les aventures d'un groupe de jeunes adultes faisant tous partie d'une association éditant une revue LGBT +. Une nouvelle rentrée débute, apportant son lot de nouvelles têtes, remettant à plat les anciennes histoires. Entre leurs études ou leur travail, leurs amours, leur engagement, on se rend compte des défis que représente le simple fait de ne pas rentrer dans les cases.</p>
<blockquote><p>C'est limite si c'est pas une performance, parfois. Certain•e•s performent leurs idées politiques comme si on était au théâtre, comme si parler et dénoncer suffisait à faire un•e militant•e. J'ai tendance à préférer les actes aux beaux discours.</p></blockquote>
<p>Malgré toute ma bonne volonté, je ne peux pas dire que j'ai adoré <em>Tant qu'il le faudra</em>. Le rythme du roman ne m'a pas convenu, le manque d'enjeux forts également. C'est une chronique, on suit donc la vie des personnages au fil de l'eau. Il m'a manqué une véritable intrigue pour tenir ce premier tome de bout en bout. Surtout, il est vraiment trop éloigné de mon univers (à part en ce qui concerne la vie parisienne - je suis avec vous sur ce coup-là !-). <br />
<br />
Cependant, le fait de le lire m'a beaucoup appris, ne serait-ce que sur ce manque de proximité. En effet, il n'est pas étonnant que je me reconnaisse peu dans les personnages, et ce n'est pas grave, je ne manque pas de livres en contenant auxquels je peux m'identifier : ma bibliothèque en est pleine, les librairies en sont pleines. En revanche, me rendre compte de cet évident état de fait m'a permis de me rappeler que les personnages jeunes, queers, handicapés, racisés ou militants ne sont en revanche pas légion dans nos fictions.
Le livre n'est pas entièrement pour moi ? Tant mieux, il parlera mieux à d'autres et c'est une chose plus que nécessaire.<br />
Cela ne m'a tout de même pas empêché de trouver beaucoup de choses enrichissantes à sa lecture : le milieu militant est dépeint à merveille, et il aborde un sujet crucial très intelligemment : ce que c'est d'être une minorité au sein même d'une minorité. <br />
<br />
Pour ses personnages extrêmement travaillés, ses situations ancrées dans un réel loin d'être facile, son message fort et juste, <em>Tant qu'il le faudra</em> ne vole cependant évidemment pas son succès, et je suis sûre qu'il a de quoi encore plaire à un nouveau lectorat. <br />
Appréciant pour ma part les lectures qui me déstabilisent, je ne regrette absolument pas cette expérience, et si vous avez envie de sortir un peu des cases pour vous faire votre propre opinion, cela vaut le coup. <br />
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<pre>
Tant qu'il le faudra
Cordélia
Akata
</pre>http://unspicilege.org/index.php?post/Tant-qu-il-le-faudra#comment-formhttp://unspicilege.org/index.php?feed/atom/comments/119Le passeururn:md5:510b9787538097aa922c36e24b006e0b2023-03-11T16:51:00+00:002023-06-14T14:54:46+01:00DeidreRoman12 mois - 12 livresDrameLectureRoman <p><img src="http://unspicilege.org/public/.lepasseur_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<p>J'ai lu Le passeur dans le cadre de mon challenge 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes. Il m'a été conseillé par Miguel que je remercie énormément.<br />
Je ne sais pas si mes envies m'auraient conduite vers ce livre sans cette recommandation tant je me méfie des romans s'appuyant à ce point sur des faits réels, contemporains et qui touchent quotidiennement nos émotions.<br />
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Ce roman narre en effet une l'histoire de Seyoum, un très important passeur basé sur une plage libyenne, exploitant le désespoir des gens pour alimenter son commerce. Cynique et désabusé, on l'accompagne alors que l'arrivée d'un nouveau groupe de volontaires met à mal la carapace qu'il s'était forgée.<br />
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J'étais très méfiante en commençant ma lecture. J'avais peur, malgré la relative brièveté du roman, qu'il se perde dans une analyse trop complexe de la situation ayant permis au passeur de mettre en place son business, qu'il nous abreuve de considérations géopolitiques, d'analyses, de jugements, de leçons, fatalement trop partiales.
J'ai été plutôt rassurée sur ce point. Sans occulter l'ancrage dans le réel de son récit, Stéphanie Coste ne s’appesantit pas sur des analyses et reste dans l'exposition de certains faits pour nourrir la personnalité de ses protagonistes. Il ne m'a pas été difficile de me détacher de cette situation particulière que j'estime ne pas assez maîtriser pour pouvoir juger de la pertinence des écrits de l'auteur.<br />
<br />
Car en effet, l'histoire qui nous est comptée est universelle : la quête de sens d'un personnage qui a sombré depuis longtemps dans le cynisme. Va-t-il finir par s'autodétruire ou va-t-il trouver une forme de rédemption ? <br />
Malheureusement, c'est là que le bât blesse un peu. Car je n'ai rien trouvé de véritablement original dans le fond. Certes, la plongée au plus profond d'une âme torturée est toujours éprouvante, et l'auteur a su donner un peu de corps à son personnage principal. Cependant, le propos de fond est une histoire vieille comme le monde, de nombreuses fois déclinée et le traitement qui en est fait par l'auteur, s'il est aussi touchant qu'un autre, n'est pas particulièrement inédit.<br />
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Il reste tout de même l'écriture de Stéphanie Coste, très charnelle, et à la force immersive certaine. J'aurais aimé une histoire à sa hauteur. <br />
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<pre>
Le passeur
Stéphanie Coste
Gallimard / Folio
</pre>http://unspicilege.org/index.php?post/Le-passeur#comment-formhttp://unspicilege.org/index.php?feed/atom/comments/117La Grande Route du Nordurn:md5:e10f6c23ecd89061750108d0c58a698e2023-01-11T17:05:00+00:002023-06-14T14:56:10+01:00DeidreFantastique12 mois - 12 livresFantastiqueLectureScience-fiction <p><img src="http://unspicilege.org/public/.grande_route_nord_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>
<blockquote><p>Vance avait assisté à de nombreux interrogatoires, il avait vu de nombreuses personnes choquées, dans le déni, hostiles, désireuses de paraître innocentes. DiRito ne mentait pas, il en était sûr. Toutefois, la vérité était subjective.</p></blockquote>
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J'ai lu l'intégrale de <em>La Grande Route du Nord</em> dans le cadre de mon challenge 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes (challenge qui, comme vous pouvez le constater, a pris un peu de retard, mais en même temps, peu importe !). Il m'a été conseillé par Stéphane Desienne et je l'en remercie beaucoup. Si vous ne connaissez pas Stéphane, sachez que c'est un auteur que j'affectionne particulièrement, vous pouvez découvrir ou retrouver l'ensemble de son travail <a href="https://www.stephane-desienne.com">sur son site internet</a>. <br />
Cela faisait très, très, très longtemps que je ne m'étais pas lancée dans la lecture d'une fresque de science fiction de cette ampleur. Depuis l'adolescence, je pense, moment où je dévorais les grands classiques du space opera comme <em>Dune</em>, <em>Les Cantos d'Hypérion</em> ou le génialissime <em>Cycle de Fondation</em>... En règle générale, mon intérêt se porte sur des romans plus courts, rarement sur des sagas, ce fut donc un vrai défi de me lancer dans cette lecture.<br />
<br />
Bien heureusement, Peter Hamilton sait y faire pour rendre ce bloc de près de 1000 pages tout à fait séduisant grâce à une intrigue suffisamment complexe pour être intéressante, sans perdre le lecteur pour autant. Il sépare d'ailleurs son récit entre deux fils de narrations différents, tous les deux liés au meurtre à Newcastle d'un membre de la plus puissante famille de la ville, qui exploite aussi le portail permettant d'accéder à la planète St Libra, colonisée et exploitée pour ses ressources. Le premier suit l'équipe de la police chargée de l'enquête, le second une expédition scientifique et militaire lancée dans la jungle hostile de St Libra. <br />
S'il m'a fallu quelques dizaines (une à deux centaines... mais on ne compte plus à ce stade) pour me mettre dans le rythme du roman qui démarre un peu âprement, c'est avec tout le plaisir lié aux grands récits d'aventures que j'ai lu la suite. L'auteur sait parfaitement insuffler un souffle épique et évocateur à son histoire, tout en y mêlant une intrigue policière, bientôt politique, des plus intrigantes. <br />
J'ai cependant accusé le coup d'une petite baisse de rythme pendant le 2nd tiers du récit, facilement compréhensible, mais qui a tout de même nécessité un peu de motivation pour en sortir, pour ensuite ne plus quitter ma lecture qu'à regret tant le mystère me tenait en haleine.<br />
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Je suis donc ravie que Stéphane m'ait bousculé dans mes habitudes pour retrouver le plaisir de lire un récit au temps long, à l'intrigue particulièrement élaborée et à la dimension épique certaine.</p>
<pre>
La Grande Route du Nord
Peter F. Hamilton
Traduit par Nenad Savic
Bragelonne
</pre>http://unspicilege.org/index.php?post/La-Grande-Route-du-Nord#comment-formhttp://unspicilege.org/index.php?feed/atom/comments/111Mes Vrais Enfantsurn:md5:3ee5c5ce96ac44ba8455af4627ead10c2022-11-23T16:35:00+00:002022-11-23T16:35:00+00:00DeidreFantastique12 mois - 12 livresDystopieFantastiqueLecture <blockquote><p>"Oh, Mark... Si c'est maintenant ou jamais, alors...</p></blockquote>
<p>Lu dans le cadre de mon challenge 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes, c'est bien grâce à <a href="https://fandom.garden/@ezelty">Ezelty</a> que j'ai eu la chance de découvrir ce livre de Jo Walton et je l'en remercie beaucoup car je l'ai beaucoup apprécié. <br />
Me voilà un peu partagée au moment d'en parler parce que je me demande s'il n'est pas préférable de ne rien savoir sur ce livre... La 4ème de couverture elle-même en dit trop, à mon avis. Je vais donc prendre le parti de n'absolument rien dévoiler de son intrigue, ni de sa construction. Juste ça : <em>Mes vrais enfants</em> narre l'histoire d'une femme dans l'Angleterre du XXème siècle, et c'est une uchronie. Je vous assure qu'avec ça, je ne soulève rien de ce qui fait de ce livre une œuvre incomparable... ce que je préfèrerais voir découvert à la lecture.<br />
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<em>Mes vrais enfants</em> est un livre remarquable dans son écriture comme dans son propos. Un livre ambitieux dans sa construction. Il passe de la dystopie à l'utopie dans un équilibre parfait, mêlant récit personnel et historique dans un subtil mélange. C'est également un récit d'une très grande profondeur sociétale, résolument féministe, et tourné vers la quête de la parentalité et de la transmission.<br />
L'écriture claire et très descriptive de Jo Walton le rend particulièrement agréable à lire, et si j'ai parfois pensé que certains personnages ou situations manquaient de nuances, c'est l'ensemble et ce à quoi il mène qui est admirable.<br />
<br />
En effet, l'entièreté du récit est construite pour attirer le lecteur dans une fin bouleversante, le plongeant dans un abîme de réflexions. <br />
Encore une fois, <em>Mes vrais enfants</em> est le type d'ouvrage que j'affectionne particulièrement, car il ne se contente pas de raconter, il questionne aussi beaucoup. J'ai d'ailleurs eu la grande chance d'écouter l'auteur lors de 2 tables rondes aux Utopiales, et je n'ai pas été étonnée de découvrir une personne aussi passionnante à écouter qu'à lire.<br />
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<pre>
Mes Vrais Enfants
Jo Walton
Traduit par Florence Dolisi
Donoël / Lunes d'encre
</pre>
<p><img src="http://unspicilege.org/public/.Mes-vrais-enfants_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>http://unspicilege.org/index.php?post/Mes-Vrais-Enfants#comment-formhttp://unspicilege.org/index.php?feed/atom/comments/101Entre ciel et terreurn:md5:4720f2c5339c5834d61c916197238ed82022-10-19T16:34:00+01:002022-10-19T16:34:00+01:00DeidreRoman12 mois - 12 livresDrameLectureRoman <blockquote><p>Ils avancent à vive allure — juvéniles jambes, feu qui flambe — , livrant également contre les ténèbres une course tout à fait bienvenue puisque l'existence humaine se résume à une course contre la noirceur du monde, les traîtrises, la cruauté, la lâcheté, une course qui paraît si souvent tellement désespérée, mais que nous livrons tout de même tant que l'espoir subsiste.</p></blockquote>
<p>En Islande, il y a un siècle, un pêcheur, trop absorbé par les vers du <em>Paradis perdu</em> de Milton, en oublie sa vareuse avant de prendre la mer, et meurt de froid. À terre, le gamin qui le considère comme son meilleur ami, se lance dans un voyage sans autre sens que la recherche du deuil, pour rendre le livre incriminé à son propriétaire.<br />
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J'ai lu <em>Entre ciel et terre</em> dans le cadre de mon challenge 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes. Il m'a été recommandé par Septie que je remercie beaucoup. Je ne connaissais absolument pas le livre, ni l'auteur, ma lecture n'en a été que plus déroutante.<br />
C'est, je pense, (pour le moment, du moins) le livre dans lequel j'ai eu le plus de mal à rentrer. Peut-être en raison du roman lui-même, peut-être en raison de mon état d'esprit du moment, en proie à la fatigue morale et intellectuelle qui me touche souvent à cette période. Toujours est-il que les mots et le récit de Jón Kalman Stefánsson m'ont fait entrer dans une profonde mélancolie qu'il a été compliqué de dépasser pour trouver la lumière de la poésie incrustée dans ce texte.<br />
<br />
L'Islande y est une terre rude, âpre, et les existences qui peuplent ce roman sont périlleuses, faites de travail exténuant, de difficultés, de chagrins... Il me fut impossible de ne pas être douloureusement touchée par leurs histoires.<br />
Cependant, tout comme "le gamin" trouve dans sa quête des raisons de continuer, je me suis accrochée aux mots, à leur puissante poésie, à leur force évocatrice, à l'amour que l'on voue toujours aux terres les plus ingrates comme on aime parfois encore plus intensément ce qui nous met en difficulté.<br />
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Entre ciel et terre est un roman que j'ai trouvé difficile, dont la lecture fut une véritable expérience émotionnelle, dont je suis sortie étourdie.<br />
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<pre>
Entre ciel et terre
Jón Kalman Stefánsson
Traduit par Eric Boury
Gallimard/folio
</pre>
<p><img src="http://unspicilege.org/public/.Entre_ciel_et_terre_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>http://unspicilege.org/index.php?post/Entre-ciel-et-terre#comment-formhttp://unspicilege.org/index.php?feed/atom/comments/97Vango, T1 : Entre ciel et terreurn:md5:ecf8f3b71d6f92ecebba21e474dde4cf2022-09-21T18:08:00+01:002022-09-24T11:39:18+01:00DeidreJeunesse12 mois - 12 livresAventureJeunesseLecture <blockquote><p>Il avait beau vivre la plupart du temps dans les airs, ses pieds restaient enfoncés dans sa terre. Il avait peur pour son pays. <br />
Une lente et tragique dérive.<br />
Il fallait faire quelque chose. De petits gestes. Presque rien. Une petite résistance, un léger frottement, pour freiner la chute.<br />
Il appelait cela la résistance de l'air.</p></blockquote>
<p>J'ai lu <em>Vango</em> dans le cadre de mon challenge 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes, il m'a été recommandé par Monsieur B. que je remercie énormément. <br />
Comme je l'ai déjà évoqué dans mon billet sur <em>Le fil du destin</em><a href="http://unspicilege.org/index.php?post/Le-fil-du-destin"></a>, je n'ai pas vraiment l'habitude de lire de la littérature jeunesse, j'ai donc toujours un peu d'appréhension avant de me lancer.<br />
<br />
Avec "Vango", Timothée de Fombelle a choisi cependant de s'éloigner du roman d'initiation pour embrasser tous les attraits du roman d'aventures : un héros attachant et mystérieux, beaucoup de secrets, de l'action, le tout avec une certaine légèreté. Plaçant tout de même son histoire au coeur de l'Europe des années 30 (une époque évidemment chargée en évènements tragiques qui sont un des points d'ancrage du récit), il parvient également à introduire des enjeux forts et une vraie tension dramatique autour du destin de son personnage principal. <br />
Le jeune Vango lance ses aventures par sa fuite à Paris, alors qu'il allait se faire ordonner prêtre, accusé d'un crime qu'il n'a (évidemment pour l'intérêt de l'histoire) pas commis. Poursuivi par la police française mais également par des hommes mystérieux, il lui faut réussir à se sortir de ce mauvais pas en perçant le mystère de sa naissance (qui pourrait bien être la clé pour résoudre ses problèmes).<br />
<br />
Pour être honnête, je n'ai pas trouvé le récit d'une folle originalité. Son intérêt réside plutôt dans le contexte historique dans lequel il est placé, ainsi que dans la parfaite maîtrise de l'auteur de ses personnages et du rythme de ses actions. <br />
On ne s'ennuie pas en lisant <em>Vango</em>. On est transporté, on peut sans doute en apprendre plus sur cette époque, et l'auteur distille exactement la bonne dose de mystères et de résolutions pour garder intact l'envie de lire la suite. <br />
<br />
S'il m'a encore une fois manqué ce qui fait que je m'investis complètement dans une lecture, je reste emballée par la qualité de ce roman jeunesse, assez exigeant, et d'ailleurs sans doute parfois difficilement accessible (ma nièce ne m'a pas caché qu'elle avait abandonné sa lecture, ayant été perdue par les différentes temporalités du récit). <br />
Je le conseille donc à qui a besoin de s'évader intelligemment.<br />
<br /></p>
<pre>
Vango
T1 : Entre ciel et terre
Timothée de Fombelle
Gallimard Jeunesse
</pre>
<p><img src="http://unspicilege.org/public/.vangot1_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>http://unspicilege.org/index.php?post/Vango%2C-T1-%3A-Entre-ciel-et-terre#comment-formhttp://unspicilege.org/index.php?feed/atom/comments/91Antigoneurn:md5:ecb009bb45bee2f7444d5f9e172bf7e42022-07-10T11:39:00+01:002022-09-24T11:42:21+01:00DeidreRoman12 mois - 12 livresDrameHistoireLectureMythologieRoman <p>J'ai découvert <em>Antigone</em> dans le cadre de mon challenge 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes. Il m'a été recommandé par Valérie, que je remercie beaucoup pour la découverte.<br />
En effet, <em>Antigone</em> est un livre qui m'a particulièrement touchée, dans son propos, dans l'étrange poésie qu'il dégage, dans l'inévitable drame qu'il évoque.<br />
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Pour ceux qui ne sont pas familiers avec la mythologie, Antigone est la fille incestueuse de Œdipe et Jocaste, souverains de Thèbes. Après avoir découvert la vérité, sa mère se suicide et son père se crève les yeux avant de s'exiler de la cité. Antigone passera alors de nombreuses années à guider son père devenu aveugle dans sa vie de mendiant. Au début du roman, elle revient à Thèbes à la mort de son père pour essayer de mettre fin à la guerre fratricide que se livrent ses deux frères Polynice et Étéocle pour le trône de Thèbes. <br />
<br />
J'ai toujours aimé les mythes et j'ai passé de nombreuses heures de lecture autour des légendes grecques. Ce sont toujours des récits épiques, entachés de trahisons et de drames, la plupart du temps anticipés et inévitables, les rendant tragiques. J'ai retrouvé cette atmosphère dramatique dans le livre d'Henry Bauchau puisque, encore une fois, rien ne semble pouvoir arrêter le destin. <br />
<br />
Mais au-delà de l'histoire en elle-même, ce sont bien les qualités intrinsèques à l'œuvre de Bauchau qui m'ont bouleversée. L'histoire d'Antigone permet en effet à l'auteur de dresser un portrait de femme de toute beauté. Sous sa plume, Antigone est puissante, dissidente, d'une volonté de fer, d'une sensibilité de feu, une héroïne éclatante. Les autres personnages sont également bouleversants, comme les frères jumeaux Polynice et Étéocle, tragiques dans leur rivalité teintée d'une affection inaltérable, infernaux dans leur entêtement malgré le drame inévitable qui s'annonce. Bauchau donne également vie à une Ismène toute en nuances dans le mélange d'amour et d'opposition qui l'unit à sa soeur, lui donnant une puissance différente d'Antigone mais tout aussi ardente.Quant à Thèbes, l'imposante cité royale qui est le théâtre des évènements, il en fait un personnage à part entière, aussi accueillante que dévorante dans sa cruelle exigeance de richesses. <br />
L'écriture d'Henry Bauchau est d'une poésie folle et certains chapitres bouleversants d'émotions (je pense par exemple au passage de l'élaboration des sculptures) font de la lecture d<em>'Antigone</em> une expérience sensorielle et intellectuelle intense. <br />
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Il me reste donc à vous conseiller à mon tour de vous plonger dans <em>Antigone</em>, un superbe roman qui m'a donné envie de lire d'autres œuvres d'Henry Bauchau. <br />
<br /></p>
<pre>
Antigone
Henry Bauchau
Actes Sud / Babel
</pre>
<p><img src="http://unspicilege.org/public/.antigone_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>http://unspicilege.org/index.php?post/Antigone#comment-formhttp://unspicilege.org/index.php?feed/atom/comments/85Le fil du destinurn:md5:5ab05aff368e06c7a3f77eefcfa4c1962022-05-26T16:56:00+01:002022-09-24T11:43:19+01:00DeidreJeunesse12 mois - 12 livresdéfi 12FantastiqueJeunesseLecture <p>J'ai lu le premier tome du Clan des Otori (ou plutôt je l'ai écouté) il y a (très) longtemps et, si j'en ai gardé une opinion assez bonne, j'avoue que j'en ai peu de souvenirs (un seigneur Otori énigmatique ? une vague tribu aux aptitudes surnaturelles ? un amour fou ?).<br />
Du coup, ce fut avec un œil presque neuf que j'ai découvert ce roman qui m'a été conseillé par EuZèbe dans le cadre de mon défi 12 mois 12 livres 12 (masto)potes. Je me disais cependant souvent : "Tiens, je suis sûre d'avoir un vague souvenir de ce personnage, ou de cette scène." En effet, ce roman est à la fois le dernier du cycle et une préquelle à l'histoire principale.<br />
<br />
<em>Le Clan des Otori</em> est une grande saga, formée de 5 tomes, se situant dans un japon fantastique aux allures médiévales, narrant des histoires de dynasties, de conquêtes, de vengeances, d'amours... Des hommes et des femmes, surtout, qui sont les voix de ces chroniques.<br />
Revenant à la source du récit, <em>Le fil du destin</em> narre l'histoire de Shigeru Otori, de son enfance à sa vie d'adulte, héritier d'un clan fragilisé, soumis aux guerres intestines de sa famille, aux ambitions de conquêtes du clan voisin et à des passions amoureuses déchirantes.<br />
<br />
Si ce roman s'éloigne de ce que je lis habituellement, c'est sans déplaisir que je me suis pris au jeu de cette épopée aux relents de roman initiatique (encore heureux car ce pavé fait tout de même 600 pages). Le souffle épique est incontestable, les rebondissements nombreux, les personnages profonds et contrastés. J'ai été frappée par la maturité avec laquelle certains sujets étaient abordés. Des sujets durs, abordés frontalement, sans complaisances mais sans faux-semblant.<br />
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Le tout forme une fresque d'une indéniable qualité, portée par une écriture aussi précise dans ses descriptions que dans ses divagations. Un roman riche, qui prend le temps d'approfondir les thèmes qu'il aborde. Une histoire assurément triste, également.<br />
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Je ne sais pas, pour être honnête, si je garderai vraiment en mémoire cette histoire complexe, je ne pense pas m'être sentie suffisamment impliquée pour cela, mais je garderai sans doute le souvenir de très bons instants de lecture.<br />
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Le clan des Otori, T5
Le fil du destin
Lian Hearn
Traduit par Philippe Giraudon
Gallimard Jeunesse
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<p><img src="http://unspicilege.org/public/.fildestin.jpg_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>http://unspicilege.org/index.php?post/Le-fil-du-destin#comment-formhttp://unspicilege.org/index.php?feed/atom/comments/79Siddharthaurn:md5:51565a99bf8d001894f2bfbbf331cc632022-04-20T16:30:00+01:002022-09-24T11:47:24+01:00DeidreRoman12 mois - 12 livresLecturePhilosophieRoman <p>J'ai lu <em>Siddhartha</em> après qu'il m'ait été conseillé par Christophe dans le cadre de mon défi 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes. <br />
Si vous ne connaissez pas Christophe, aka <a href="https://diaspodon.fr/@_Christ_OFF_">Christ_OFF_ sur Mastodon</a> ou
<a href="https://twitter.com/PostTenebLire?t=39iR8ZHwcc6EjD1k2Q66MQ&s=09">PostTenebLire sur Twitter</a>, commencez par <a href="https://post-tenebras-lire.net/">aller jeter un oeil à son blog</a>, il y parle lectures et c'est une des personnes dont je peux suivre l'avis les yeux fermés (même si c'est pas commode pour lire), ce que je fais depuis quelques années à présent (comme le temps fil sur les réseaux aussi...). Ses avis sont toujours assurés et pertinents, ses goûts éclectiques... j'y trouve toujours ce que je n'étais pas venue y chercher (un point bonus si vous aimez le Japon) !<br />
L'instant promo-pour-le-copain (ça va, je fais comme tout le monde dans le milieu du livre après tout ! C'est juste que dans mon cas, il le mérite vraiment), je n'ai donc pas hésité une seule seconde à me plonger dans ce court roman que je connaissais sans connaître. Christophe a, une fois de plus, réussi à me surprendre avec un conte initiatique philosophique qui change de nos lectures communes (décidément, cet homme est formidable !).<br />
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L'intrigue de <em>Siddharta</em> est volontairement assez évasive sur l'époque, mais se déroule en Inde où l'on suit le parcours initiatique du personnage éponyme, un fils de brahmane, soit un membre de la caste des religieux et/ou érudits. En quête de sagesse, Siddharta s'oppose à son père et se met à voyager pour atteindre son but. S'ensuivront plusieurs époques, pendant lesquelles il sera tour à tour mendiant, commerçant, passeur, avant que ses expériences anciennes le rattrapent.<br />
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Tout l'intérêt de suivre la route de Siddharta n'est pas dans l'histoire qu'il raconte mais dans le but qu'il cherche à atteindre. Très tôt dans le roman, il s'oppose à son meilleur ami qui lui, a décidé d'accéder à la sagesse en suivant les préceptes d'un autre. Siddharta, au contraire, pense que la sagesse ne peut s'acquérir qu'en suivant sa propre voie.<br />
Chemin faisant, ce sont mes propres buts qui m'ont sauté aux yeux puisque j'aspire à la même sagesse et que je pense, comme lui, qu'elle ne s'apprend pas mais est le fruit d'un cheminement intérieur, alimenté par les rencontres et expériences vécues. C'est donc avec grand intérêt et beaucoup d'insomnies que je me suis nourrie de <em>Siddharta</em>, enrichissant beaucoup mes propres réflexions, m'aidant à faire un pas de plus sur ce chemin si tortueux.<br />
Cela ne m'a d'ailleurs pas empêchée de m'attacher au personnage en lui-même et de m'intéresser à une intrigue qui reste prenante.<br />
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Je n'en dirai pas plus car ce fut une lecture très intime et spirituelle et qu'il est difficile de poser des mots sur toutes les questions qu'elle a soulevées. Siddhartha est de ces romans qui fait se prolonger longtemps l'expérience de lecture. Je ne peux que vous encourager beaucoup à tenter l'expérience.<br />
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Siddhartha
Hermann Hesse
Traduit par Joseph Delage
Livre de poche
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<p><img src="http://unspicilege.org/public/.siddartha_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>http://unspicilege.org/index.php?post/Siddhartha#comment-formhttp://unspicilege.org/index.php?feed/atom/comments/75L'homme qui prenait sa femme pour un chapeauurn:md5:9dcbb87e984f7aab225b072e4c41c89f2022-03-30T16:29:00+01:002022-09-24T11:47:50+01:00DeidreEssai12 mois - 12 livresdéfi 12EssaiLectureNeurologieSciences <blockquote><p>Le sens de l'odorat, disait-il, je n'y avais jamais pensé. Normalement, on n'y pense pas.<br />
Mais, quand je l'ai perdu, j'ai eu l'impression d'être frappé de cécité. La vie a perdu une bonne partie de sa saveur. On ne sait pas à quel point la saveur est odeur.</p></blockquote>
<p>Paru en 1985 et moult fois cité depuis comme une référence sur le sujet, <em>L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau</em> est un livre dans lequel le neurologue Oliver Sacks décrit les cas cliniques les plus étranges auxquels il a été confronté. Un peu plus de 20 cas, regroupés en 4 sections et balayant un large spectre de pathologies. <br />
C'est un livre que j'avais envie de lire depuis longtemps, j'ai donc été très contente qu'il me soit conseillé par Dimitri Reigner (j'avoue que ça n'a rien à voir, mais si tu ne connais pas son boulot, <a href="https://dimitriregnier.net/blog/laudionaute/">n'hésite pas à t'abonner à sa newsletter</a>) dans le cadre de mon challenge 12 mois, 12 livres, 12 (masto)potes.<br />
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Livre à la fois passionnant et émouvant, je l'ai dévoré. Oliver Sacks est un excellent vulgarisateur, qui a su choisir avec soin ses anecdotes, offrant une cohérence et un véritable parcours de découverte tout au long de la lecture. Bien qu'il accuse le coup des années (beaucoup d'avancées ont été faite sur ces sujets depuis) il frappe par la formidable bienveillance qui se dégage de ce médecin dont la préoccupation principale n'est pas de guérir ses patients mais plutôt de les rendre heureux. <br />
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Plongée passionnante dans les méandres du cerveau humain, il a la grande qualité de mettre en avant une branche de la médecine encore et toujours tenue à l'écart du grand public, et négligée par une société obsédée par la normalité.</p>
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L'homme qui prenait sa femme pour un chapeau
Oliver Sacks
Traduit par Édith de la Héronnière
Points - Seuil
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<p><img src="http://unspicilege.org/public/.femme_chapeau_s.jpg" alt="" style="float:right; margin: 0 0 1em 1em;" /></p>http://unspicilege.org/index.php?post/L-homme-qui-prenait-sa-femme-pour-un-chapeau#comment-formhttp://unspicilege.org/index.php?feed/atom/comments/73